C’est plus un livre de psychologie que de développement personnel dans sa forme, mais quand on voit les immenses bénéfices qu’on peut en retirer dans sa vie, ça vaut le coup de s’attaquer à la lecture de ce livre de 400 pages. Il détaille non sans humour les nombreuses recherches sur le sujet de la volonté et les conclusions sont sans appel : « la maîtrise de soi est un atout vital et l’une des clés de la réussite dans la vie ».
Par réussite de vie, on entend ici l’épanouissement, les relations saines avec son entourage, une certaine sérénité, une meilleure aptitude à prendre des décisions et moins de stress.
Ce qu’il faut retenir de toutes ces recherches, c’est essentiellement deux choses. Tout d’abord, la quantité de volonté s’épuise au fur et à mesure que nous l’utilisons, un peu comme un muscle qui se fatigue lorsqu’on s’en sert. Nous puisons dans notre réservoir de volonté pour toutes sortes de tâches : contrôler ses pensées (comme essayer de résister à une obsession), contrôler son humeur et maîtriser ses émotions, contrôler ses impulsions (comme le tabac ou l’alcool), prendre des décisions, faire des choix et se concentrer sur des tâches à réaliser.
Et quand on aboutit à un épuisement de la volonté, le comportement change : on ressent plus intensément ses sentiments ou ses envies, on arrive moins à dominer ses émotions, on a du mal à prendre des décisions, à se concentrer, à faire des compromis. C’est la fatigue décisionnelle. On a alors tendance à ne plus pouvoir décider quoi que ce soit et là, on s’en remet à la solution la plus facile : soit on fait aveuglément ce qu’on nous conseille de faire, soit on décide le statu quo, la décision la plus conservatrice la moins risquée possible, pour un bénéfice à très court terme. Le syndrome pré-menstruel est un bon exemple de l’état où on peut se retrouver quand on a épuisé son réservoir de volonté. Un bon conseil pour la nouvelle année : ne prenez qu’une seule bonne résolution et tenez-vous y, parce que c’est impossible de changer trop de choses à la fois, votre volonté n’y suffira pas.
La seconde chose à retenir des recherches sur la volonté, c’est que son carburant est le glucose, car celui-ci se transforme en neurotransmetteurs (les « messagers » de nos neurones). Conséquence : le cerveau consomme 20% de l’énergie du corps pour 2% du poids du corps. Il est donc impossible d’avoir du self-control quand on est en hypoglycémie, Mangez des sucres lents voire des protéines qui permettent un apport prolongé de glucose au cerveau. Un apport très rapide en glucose donnera un coup de pouce au cerveau, mais seulement temporairement. Et après une bonne nuit de sommeil (qui permet de réduire les besoins glycémiques du corps), prenez un bon petit déjeuner pour bien commencer la journée, vos batteries de volonté seront rechargées à bloc ! Inversement, plus on manque de self-control dans sa vie, plus on est attiré par le sucre.
Pour être moins stressé, il faut chasser de son esprit tout ce qui va le troubler. On peut exercer sa volonté, par exemple en s’organisant avec des objectifs à long terme assortis d’objectifs à moyen terme, on acquiert du self-control et cela devient un processus automatique. Pour ce qui est des « choses à faire », par exemple, on s’en débarrasse en les notant, mais avec la prochaine tâche concrète à faire pour les résoudre. Exemple : « téléphoner à Xavier pour prendre RDV pour lui pitcher le prochain livre » plutôt que « Xavier » ou « projet de livre ». Il faut aussi plus d’ordre autour de soi : ranger son bureau ou sa chambre, pour se mettre dans une atmosphère plus sereine. Les petits rituels permettent également de retrouver son self-control. Cela permet de se détendre parce que le self-control minimise le stress et permet de concentrer sa volonté sur ce qui compte, là où on a besoin d’un maximum de volonté (décisions, maîtrise des émotions, etc.). Augmenter la conscience de soi est un moyen d’augmenter son self-control : on n’est plus dans le flou artistique mais on sait où on en est et on peut agir en conséquence. S’engager au préalable, et mieux, y associer les autres, aident à se fixer des objectifs pour améliorer sa vie et s’y tenir. Le résultat est qu’on peut se concentrer (càd utiliser ses ressources mentales) pour des choses qui ont besoin de volonté, comme de changer d’habitudes ou prendre des décisions.
En conclusion, ce livre nous montre que les processus mentaux associés à la volonté existent bel et bien et qu’il ne sert à rien d’aller contre ni de les nier. Certes, il enfonce une porte ouverte en disant qu’il vaut mieux prendre sa vie en main que de faire n’importe quoi, au petit bonheur la chance. Quelque soit notre personnalité ou notre caractère, nous sommes soumis, en tant qu’êtres humains, à ces phénomènes scientifiquement prouvés. Nous avons donc tout intérêt à en tenir compte. Les techniques pour améliorer la vie permettent simplement de moins perdre son temps et son énergie à tourner en rond ou procrastiner, ainsi qu’à se fourvoyer et culpabiliser de « ne pas y arriver ». Mais attention, elles ne remplaceront jamais l’introspection (« qu’est-ce que je veux, au juste ? »).