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Je suis devenu un homme le jour où j’ai accepté mon côté féminin. Je suis devenu entier et fécond. Cette hypersensibilité qui m’avait fait douter de ma virilité s’est soudain révélée une partie essentielle de cette dernière.

Comme j’ai toujours aimé raconter des histoires, je suis devenu journaliste. Quand on est journaliste, on écrit pour quelqu’un, on s’efforce de lui donner quelque chose qui justifie le prix qu’il paye pour vous lire. Le journalisme est un don anonyme, parce qu’on ne sait jamais qui vous lit.

Le journal du bonheur

Et puis un jour, j’ai commencé à envoyer des messages à quelques amis, de temps en temps. Les blogs et les newsletters n’existaient pas encore. J’intitulais mes messages « le journal du bonheur ». Pendant mes pauses, je laissais libre cours à mon inspiration, sur un sujet donné. Le but était de prendre le contre-pied des idées reçues, de montrer à mes lecteurs qu’on peut voir la vie autrement. Et comme j’aime la concision, c’était en trois ou quatre paragraphes à chaque fois (je ne voulais pas abuser du temps de mes lecteurs). Et je leur écrivais à la fin quelque chose comme « sur simple demande, j’arrête de vous envoyer mes messages ». Un seul m’a demandé d’arrêter : « ta prose ne me nourrit pas ». Mais les autres ont fait passer le mot, et bientôt, ma liste d’adresses s’est étoffée.

Un jour, j’ai un retour d’une Espagnole qui ne comprend pas comment je peux prôner le non-jugement au regard de l’horreur des attentats de Madrid. Je marche sur des œufs mais je lui dois une réponse. Puis je me souviens que quand on est en amour, on n’a qu’une envie : partager, donner de l’amour à tout le monde. J’en déduis donc que ceux qui tuent les autres (si ce n’est pas pour défendre leur vie) manquent d’amour. Et qu’il faut donc encore plus d’amour dans ce monde qui semble en manquer. Pourtant, contrairement au pétrole, c’est une ressource infinie : plus on en donne, plus on en crée !

Ça fait drôle de parler d’amour quand on est un mec qui écrit sur des choses sérieuses (l’Europe et l’énergie). Sans que je m’en doute, mes messages périodiques étaient en fait bourrés de valeurs dites « féminines » : empathie, ouverture, coopération, douceur, bienveillance. Mais j’ai assumé, il y en a bien qui parlent de politique et les gens les écoutent ! J’y arrive grâce à un truc que j’ai depuis toujours : je me branche sur le canal de l’intime quand je rencontre quelqu’un. J’aime voir les personnes telles qu’elles sont, qu’elles se révèlent. Peut-être est-ce pour cela que j’adore les interviews, surtout après une demi-heure, où on se lâche immanquablement.

Oui, une conversation ne vaut le coup que si on parle vraiment, que si on s’expose, on se met en danger, on se montre à découvert. Là, il y a de la substance. Je suis un mineur, en fait : j’aime creuser. Et dès que je trouve un filon, ça me fait vibrer très fort. Un jour, il m’est même arrivé une chose assez incroyable : je discutais avec une amie, qui s’était composé un visage, fait de maquillage et de mimiques. Nous avions une conversation très profonde, et son masque est littéralement tombé : j’ai vu son visage changer, ce n’était plus le même. Pendant quelques minutes, je l’ai vue telle qu’elle était, jusqu’à ce qu’elle s’en aperçoive et qu’elle reprenne le contrôle et son visage de tous les jours. Ce fut une expérience saisissante.

Le livre

Quand j’ai eu une quarantaine de courriels « journal du bonheur », j’ai décidé de tenter l’expérience d’en faire un livre. Trouver un titre m’a pris un bon mois. Puis un jour, il s’est imposé de lui-même : Divin quotidien. Je suis athée, donc sans divinité. Mais j’ai perçu le divin qu’on trouve dans l’instant. Peut-être est-ce venu de la vue extraordinaire que j’avais depuis ma chambre, qui donnait sur un pré à la lisière de la forêt. Je me souviens du jour où j’ai acheté des lunettes : je pouvais voir chaque feuille des arbres de la forêt en face, quel bonheur ! Cette perfection, c’était tout nouveau pour moi. En fait, il se passe plein de choses sous notre nez, à côté desquelles on passe si on ne prend pas le temps de s’arrêter, de les regarder, ou plutôt de les voir.

Bien après, j’ai lu Eckhart Tolle, qui parle du pouvoir du moment présent. Et là, j’ai compris que mon livre avait été écrit au présent, dans l’amour. Et qu’il parlait de trouver le bonheur là où on ne le soupçonne pas : ici et maintenant. Et que pour cela, il fallait laisser tomber le contrôle, les plans, les stratégies et s’ouvrir et accepter ce qui arrive. Vivre, quoi.

J’ai retravaillé les textes avec un ami auto-éditeur qui m’a édité (mais qui n’a jamais envoyé les factures aux librairies qui ont vendu mon livre). Heureusement, j’ai aussi vendu mon livre de la main à la main et je me suis aperçu qu’il touchait beaucoup plus les femmes. Mais je suis toujours resté sur l’idée qu’il n’a jamais eu la carrière qu’il méritait. Car toutes mes lectrices (elles sont la majorité, ce sera donc au féminin, na !) l’ont aimé, mais ce n’était pas assez pour moi. Pour de simples raisons de marketing, il n’avait pas encore trouvé son public.

Lorsque j’ai pris la décision, l’année dernière, de tout plaquer et d’arrêter de jouer la sécurité qui me permettait de gagner de quoi tout juste me faire vivre en faisant le journaliste économique, je me suis posé une question : qu’est-ce qui compte vraiment pour moi ? Et là, la réponse a été immédiate : Divin quotidien ! Ce qu’il y a dans ce livre, c’est toute ma vie : je veux changer le monde. Et pour changer le monde, je commence par balayer devant ma porte. Même si, comme vous, je râle de temps en temps, je sais bien que jouer à la victime ne mène pas loin et qu’il faut se prendre en main si on veut que quelque chose change.

Alors j’ai décidé de rééditer ce livre, sans faire l’erreur de chercher un éditeur : il est sur Amazon, imprimé à la demande par CreateSpace. Pas de stock et disponible dans le monde entier. Allez, j’ai encore quelques cartons de la première édition dans ma cave pour les irréductibles qui préfèrent éviter Amazon. Car le monde a bien changé depuis que je l’ai écrit : la révolution internet a permis l’essor des blogs, des newsletters, des sites interactifs, des réseaux sociaux, de la vente en ligne… Bref, j’ai tous les outils à ma disposition pour réaliser mon rêve : éveiller les consciences avec mes propres mots et donner toujours plus à toujours plus de personnes. D’autres le font aussi, chacun à leur manière, et c’est tant mieux, car celui qui le souhaite peut ainsi trouver la voix qui résonne en lui pour l’aider à s’élever.

L’éveil

Cette quête de « mots pour le dire » est le lot quotidien de tout être humain, qui a un besoin vital de « digérer » tout ce qui lui arrive. Chacun cherche des explications ou des repères pour extérioriser ce qu’il ressent, et l’articuler avec le monde qui l’entoure, pour donner du sens à sa vie.

Nous sommes tous « éveillés » lors de notre enfance. Nous prenons la vie comme elle vient, mus par notre seul désir et l’excitation de la découverte du monde. Ce désir est le seul repère, authentique mais inconscient, à notre disposition. Mais au fur et à mesure que nous devenons adultes, nous nous laissons glisser dans une sorte de léthargie, dès que nous avons des responsabilités, de l’argent, du confort matériel, du pouvoir, des relations sexuelles ou professionnelles.

Etre éveillé, c’est ouvrir les yeux sur ce que voient les enfants : la beauté et la poésie de toute chose qui nous entoure, la vérité toute nue de notre âme, la divinité de toute chose, en fait. Et aussi sur l’immense besoin que nous avons d’être aimés et que nous transférons sur nos relations avec les gens et les objets.

Etre éveillé, c’est être assez conscient pour pouvoir se regarder dans un miroir et dire « je t’aime », c’est à tout moment être assez ouvert pour ne pas se juger ni juger les autres, c’est refuser les notions convenues du bien et du mal, c’est être libre, heureux, avec l’envie de vivre et de partager son bonheur, ici et maintenant.

C’est surtout trouver au fond de soi tout ce qu’on aimerait trouver autour de soi. C’est susciter l’ouverture plutôt que le jugement. Bâtir des ponts plutôt que des murs. Créer de l’amour plutôt que de la haine. Car notre pouvoir de création est immense, et je vous propose de le révéler.